Voici le rapport de l'instituteur A Vandeuil du 4 mai 1888
décrivant la géographie locale et les ressources de la commune
source Monographie communale d’Artonges – Généalogie Aisne https://www.genealogie-aisne.com/articles/monographie-communale-dartonges/
Géographie physique
1° Situation astronomique de la commune
(son étendue superficielle, son territoire, son terroir, ses différentes divisions : hameaux, fermes, écarts, dépendances, lieux-dits...)
La commune d’Artonges est bornée au nord par celle de Pargny les Dhuys ; à l’est, par les communes de Verdon et de Corrobert sur Marne ; au sud, par Montmirail (Marne), et à l’ouest, par les communes de Fontenelle et de Montlevon.
Elle est située entre 1h13’12’’ de longitude orientale et 48’’59 de latitude nord altitude 230 mètres.
Dans les 1310 hectares que compte son territoire, 753 hectares sont livrés à la culture ; 492 sont plantés en bois.
2°Les hameaux, fermes, dépendances, écarts, sont :
Le Bois Milon, à 3 kilomètres du chef-lieu, Monfrobert, à 1 kilomètre 50 ; Le Patis, à 400 mètres, touche à Artonges
Les Fermes:
La Mortière, à 3 kilomètres La Noue-Mangeard, à 2 kilomètres 300 m, Les Queues à 1 kilomètre; Le Château, à 500 mètres Le Verrerie, à 1 kilomètre du chef-lieu; La Tuilerie à 1 kilomètre;
Maoisons isolées:
Le Château, à 500 mètres; La Gare, à 300 mètres; Les Belle-Idée, à 1 kilomètre; La Ville au Bois, à 3 kilomètres
Voici les principaux lieux-dits :
Ru des Soucis, Les Noues Robin, Artongeole, Ru Maupetit, Bois Lassier, La Rue Mirande, Maillet, le Clos
Bricogne, le Fontaine au Prêtre, les Châtaigniers, le Château de la Hourde.
3° Relief du sol. Monts ou Collines.
(Indiquer à quel système on les rattache)- Plateau – Plaines
Le voyageur allant de Mézy (bord de la Marne) à Artonges, par la route de grande commune, n°20, qu’il prend à Condé en Brie (route de Dormons à la Ferté-Gaucher) trouve que le territoire d’Artonges présente l’aspect d’un plateau. Ce plateau forme, avec une partie des territoires des communes environnantes citées plus haut, une assez vaste plaine, dont l’horizon s’étendrait assez bien, si la forêt de Montmirail ne venait, de ce côté, en borner la vue.
4° Météorologie
Le climat est plutôt froid que chaud. Les vents du Nord, que rien n’arrête, y font des hivers froids. L’été n’y est jamais bien chaud ; les vents d’ouest y soufflent avec violence ; souvent les constructions et les forêts sont endommagées.
5° Géologie
Le sol de la plus grande partie du territoire d’Artonges est argileux ; le sous-sol, formé de marne argileuse, ne laisse pas pénétrer l’eau. Dans les saisons humides et aux jours de pluie, le sol en est presque entièrement couvert. Il n’est pas rare qu’alors l’eau qui séjourne sur les terres empêche la germination des blés faits tard en saison ; ce qui les fait pourrir.
Dans une faible partie, on trouve, comme sous-sol, un banc de pierre qui, quoique dure, ne peut servir à la construction.
6° Hydrographie
Un ru ou plutôt un torrent à pente douce comme le terrain, part du territoire de Corrobert (Marne). Après un cours d’un kilomètre et demi environ, ce ru, qui n’a d’autre nom que celui de « Ru d’Artonges », et qui se dirige de l’est à l’ouest, décrit un demi-cercle enveloppant le village (chef-lieu) : puis il coule au nord jusqu’à ce qu’il se jette dans le Dhuys, près de sa source, à environ 1500 mètres d’Artonges. Ce ru, ne coulant que les eaux pluviales, est souvent à sec.
8° Les Bois et Forêts. Leur superficie et leurs essences principales
Comme il est dit plus haut, 492 hectares de territoire sont couverts de bois : 77, de simples taillis ; 415, sous futaies. La plus grande partie de ceux-ci font partir de la forêt, dite Forêt de Montmirail, dont le propriétaire est M. le Duc de la Rochefoucault ; l’autre partie, à M. le Comte de la Marlière, propriétaire du château d’Artonges et de la ferme qui y tient.
Les principales essences de ces bois sont : le chêne, le charme, le bouleau, l’aune, le coudrier, quelques hêtres dont les faînes sont rarement bonnes ; quelques châtaigniers dont le fruit est assez agréable au goût.
9° Faune communale
Les principaux animaux qui peuplent les bois sont : le sanglier, le chevreuil, le lapin, le lièvre, le renard, la fouine, le putois, le hérisson, l’écureuil.
10° Flore communale
La flore communale est loin d’être riche. Cependant dans la partie nord est du territoire, partie rocheuse, avoisinant la Dhuys, certaines plantes médicinales, qui ont une certaine valeur, telles que :
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1) Plantes astringentes : la patience, l’argentine, etc
-
2) Plantes amères : la petite centaurée, la saponaire,
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3) Pantes excitantes : le serpolet, le thym, le millepertuis.
11° Chiffre de la population.
Augmente-t-elle, ou diminue-t-elle. A quelles causes faut-il attribuer ces changements
Le chiffre de la population, d’après le recensement de 1886 est de 295 habitants, le chiffre du précédent recensement est de 277 habitants. Donc la population augmente.
La construction de la ligne de chemin de fer qui traverse aujourd’hui le territoire de la commune, et l’établissement d’une gare à Artonges ont nécessité l’emploi de plusieurs agents (chef de gare, aiguilleurs, garde barrières) qui habitent la commune avec leurs familles, et sont venus augmenter d’autant la population. Pourtant la population rurale est à peu près stationnaire.
12° Nombre de mariages, naissances et décès dans les dernières années
1870 Mariages : 6 Naissances : 7 Décès : 8
1871 Mariages : 2 Naissances : 7 Décès : 10
1872 Mariages : 3 Naissances : 9 Décès : 6
1873 Mariages : 2 Naissances : 4 Décès : 8
1874 Mariages : 1 Naissances : 5 Décès : 8
1875 Mariages : 2 Naissances : 5 Décès : 5
1876 Mariages : 3 Naissances : 8 Décès : 1
1877 Mariages : 3 Naissances : 10 Décès : 5
1878 Mariages : 3 Naissances : 9 Décès : 8
1879 Mariages : 4 Naissances : 2 Décès : 5
1880 Mariages : 4 Naissances : 7 Décès : 5
1881 Mariages : 2 Naissances : 10 Décès : 5
1882 Mariages : 1 Naissances : 7 Décès : 4
1883 Mariages : 2 Naissances : 7 Décès : 6
1884 Mariages : 4 Naissances : 8 Décès : 7
1885 Mariages : 1 Naissances : 7 Décès : 8
1886 Mariages : 1 Naissances : 7 Décès : 8
1887 Mariages : 2 Naissances : 6 Décès : 5
Totaux 46 125 112
13° Particularités sur la constitution physique des habitants,
leur régime alimentaire, leur longévité, leur caractère, leurs jeux, leurs usages, leur langage, leur degré d’instruction
Les habitants d’Artonges sont généralement robustes. Leur nourriture se compose de légumes et de viande (bœuf et porc) – La longévité est bien ordinaire. Leur caractère est sédentaire. Leurs mœurs sont douces ; – leurs jeux à peu près nuls ; – leurs usages sont ceux des environs ; -le langage du pays est la langue française quelque peu corrompue, sans patois. – Leur degré d’instruction est médiocre.
8° Géographie historique
La commune possède-t-elle une ou plusieurs églises ?- Leur vocable : date du patron : donner
la longueurs de chaque église (à l’intérieur). Décrire le monument, son style, son âge, ses particularités, (sculpture, peinture murale, pierres tombales, tapisseries, vitraux, mobilier ancien)
La commune possède une église ; le vocable est Saint-Pierre, le 29 juin ; elle mesure 27 mètres 20 de longueur intérieure.
Ce monument se compose d’une seule nef basse, dont la voûte est en planches. Au-dessus de cette voûte et du portail, près du pignon ouest, se trouve la cloche unique ; Avant la première Révolution, il y en avait deux sur la voûte, ce qui donnerait à entendre qu’il y a longtemps que le clocher a été supprimé, si toutefois il y en a eu un. Aucun reste ne le prouve.
Le transept en est assez élevé et régulier et forme avec la nef, le chœur et le sanctuaire, la croix consacrée par l’usage. Deux grandes et belles fenêtres en ogive forment les deux extrémités des bras de la croix ; quatre autres fenêtres, également ogivales, entourent le sanctuaire dont l’extrémité est à la forme demi- circulaire ou à pans coupés. Un des autels latéraux est surmonté d’une fenêtre double.
Ces fenêtres portent toutes les traces d’anciens vitraux, dont un est parfaitement conservé ; il représente J. Ch. En croix, et à ses pieds plusieurs personnages.
Ce monument a été mutilé et des constructions nouvelles y ont été faites, ce qui ne permet pas d’en connaître exactement l’âge.
Dans le pignon nord se voient des ouvertures rebouchées, ce qui indique qu’un bas-côté a été supprimé. L’angle extérieur nord du transept est formé d’une tourelle percée de plusieurs créneaux, c’est dans cette tourelle que se trouve l’escalier.
Aux murs sont suspendus quinze tableaux dont la plupart sont détériorés par l’humidité ; parmi les mieux conservés, un représente l’Adoration des Mages ; un autre, un sacrifice des la loi des Juifs, un troisième, Saint-Pierre dans les chaînes délivré par un Ange ; un quatrième, le Martyre de Saint-Sébastien. Les autres représentent certains épisodes de la vie du Patron, Saint-Pierre ; un Lavement des pieds se trouve près du portail ; les traits en sont presque totalement effacés.
Le sanctuaire et le chœur sont entourés de panneaux de bois de chêne, lesquels, pour la plupart n’ont jamais reçu de peinture, ceux entourant le Maître Autel, paraissent avoir été badigeonnés, mais sans aucun décor. Un ban à chaque côté du chœur porte quelques vestiges de sculpture.
L’église ne possède aucune tapisserie, ni aucun autre objet méritant d’être noté.
17° Faire l’Inventaire des documents historiques
qui se trouvent dans les archives communales, paroissiales, dans les notariats ou chez les particuliers
Quelques documents, pour ainsi dire insignifiants, ayant trait à la guerre France allemande de 1870, se trouvent dans les archives communales.
Ces documents portent la répartition entre les habitants, des contributions à payer aux Allemands calculées au prorata des contributions directes.
18° Les écoles
leur ordre d’enseignement : – sont-elles ecclésiastiques ou laïques ? – Date de leur fondation ; Nombre des élèves ; description des bâtiments ; historique de l’Instruction dans la commune.
Ordre de l’Enseignement primaire, L’école est laïque
Je trouve dans un état produit par mon prédécesseur, sur la demande de M. l’Inspecteur Primaire : date exacte de la création de l’Ecole : 14 novembre 1853.
La maison de l’Ecole, à l’est, sur la Place publique, dont une partie sert de cour aux Elèves ; au nord, sur le chemin d’Artonges au Bois Milon ; à l’ouest, sur le jardin de l’école, plus élevé que la rue, et au sud, sur une petite cour où se trouve les cabinets du Maître, séparés de ceux des Elèves par un mur de 1 mètre 20 de haut.
Le bâtiment de la maison de l’Ecole mesure 15 mètres de longueur et 10 mètres de largeur ; ce bâtiment est d’une seule élévation.
Le logement de l’Instituteur se compose au rez-de-chaussée, d’une salle à manger, à droite de l’escalier, au dessous duquel se trouve la descente de la cave ; d’une cuisine contiguë ; au premier, deux chambres de moyenne grandeur.
L’Ecole est au rez-de-chaussée et occupe le reste du bâtiment à gauche de l’escalier ; la Mairie la répète au premier ; grenier au-dessus de la Mairie et des deux chambres.
L’école est éclairée par deux fenêtres donnant sur la rue, et deux autres donnant sur la petite cour sud ; la double porte d’entrée de cette classe, garnie de vitres, donne sur la place sus désignée, et est ouverte sur le pignon, côté est.
Les archives communales et autres, ne contiennent aucun document sur l’historique de l’instruction dans la commune.
Géographie économique
1°Etat des terres : assolements, jachères, engrais, principaux instruments aratoires ; les céréales
Les terres sont soumises à un assolement triennal, hors rotation : 1ère année : jachères, 2ème année : blés ; 3ème année : avoines.
Les terres laissées en jachères sont chaque année d’environ 140 hectares.
Les principaux engrais employés sont : les fumiers ordinaires et le guano.
Les amendements employés par l’agriculture sont la marne seule.
Les instruments aratoires sont ici peu nombreux ; ils consistent simplement dans la charrue, dite de Brie, les herses et les rouleaux ordinaires, machines à battre mues par des chevaux.
Les céréales sont : le blé, l’avoine, le seigle, le méteil, l’orge, très peu de maïs.
2° Prairies naturelles ou artificielles ; vaines pâtures ; Usages existants au sujet des pâturages
Les prairies artificielles (luzerne, sainfoin, trèfle incarnant, rouge et jaune) occupent une surface de 181 hectares ; compris les fourrages verts. Les prairies naturelles occupent présentement une superficie de 40 hectares.
3° Les étangs
Il existe un étang sur le territoire d’Artonges, la superficie de cet étang est de 5 hectares, 72 ares, 10 centiares. Il aboutit, côté est, sur la route de Montmirail, qui en forme la chaussée. Il est situé à peu près à 1 kilomètre d’Artonges,
9° les animaux domestiques :
chevaux, mulets, ânes, bêtes à cornes, bêtes à laine, chèvres, porcs, les abeilles.
Les animaux domestiques sont : le cheval, les bêtes à cornes, les bêtes à laine, les chèvres, les porcs, dont le nombre dans la communes est de :
Chevaux 54 Bœufs et vaches 127 Chèvres 6 Bêtes à laine 875 Porcs 150
La commune compte une vingtaine de ruches d’abeilles environ.
Les animaux nuisibles et les insectes utiles
Les animaux nuisibles sont : le sanglier, le renard, le putois, la fouine, le chat sauvage, la belette, etc. ;
10° La Pêche et la Chasse ; – leurs produits, les conditions auxquelles elles sont soumises. La chasse ; – ses produits.-
La consommation en est faite par les chasseurs. M. le Duc de la Rochefoucault livre chaque année à la consommation de Paris de 3 à 4 milles pièces de gibier (lapins, lièvres, chèvres) tués dans ses forêts, dont une partie est située sur le territoire d’Artonges.
Conditions auxquelles elle est soumise : les mesures sont les mêmes que pour le Département. La pêche : néant.
Fait à Artonges le 22 avril 1888 L’ Instituteur,
Au(guste?). Vandeuil
Note : le plan cadastral de la commune dArtonges ayant été confié, le 6 mars dernier, à la Maison Prêcheur et Cie, de Dôle (Jura), pour restauration et émaillage, et n’étant pas encore de retour à la Mairie, l’Instituteur soussigné, n’ayant rien qui puisse y suppléer, ne peut fournir le plan, demandé.
À propos
A Artonges le 4 mai 1888, L’ Instituteur,
Au. Vandeuil
au sud de la maison isolée, appelée : la Verrerie ; laquelle maison fait la résidence de deux gardes des forêts de M. le Duc de la Rochefoucault.
L’eau qui alimente cet étang vient de la Forêt de Montmirail, dans laquelle il se trouve. Les eaux qui en sortent se déversent dans le ru d’Artonges.
Pêche de l’étang : tous les 4 ou 5 ans. Nature du poisson : carpe et brochet.
Artonges-Village