La Dhuys
Le village d’Artonges est situé à l’extrémité nord du plateau de la brie qui s’étire de la vallée de la seine à celle de la Marne. Il est entaillé par plusieurs vallées dont celle de l’Yerre au sud et au nord celles des deux Morin et du Surmelin dont la Dhuys est le principal affluent. Le village est traversé par le ravin de la DHUYS, où l’eau s’écoule par intermittence après des précipitations importantes.
Ce cours d’eau comme les autres du bassin versant est caractérisé par des pertes sur son parcours supérieur ainsi que celui de ses affluents, particulièrement le ru des Rieux en provenance du Bois Milon.
Carte d'état major au 1/25000ème
Plusieurs études du BRGM (bureau de recherche géologique et minière) montrent que ces cours d’eau traversent un relief sous-jacent de type Karstique (Calcaire de Champigny) d’époque tertiaire.
La masse d’eau se situe au centre du Bassin parisien. Les formations géologiques la composant, datent de l’Eocène et de l’Oligocène, et affleurent au niveau du plateau de Brie. Du nord-ouest au sud-est, l’épaisseur des formations diminuent et il y a un passage progressif du faciès lagunaire vers un faciès lacustre. Les formations sont d’âge Tertiaire et s’étagent du Stampien (Sables de Fontainebleau) au Sparnacien (argiles plastiques) reposant sur la craie du Crétacé supérieur. Les lithologies rencontrées sont de haut en bas : Sables de Fontainebleau - Calcaire de Brie - marnes du Sannoisien et Ludien - Calcaire de Champigny. Celui-ci s’étend sur toute la masse d’eau et présente des variations de faciès importantes. Il est érodé dans la vallée du Grand-Morin et de l’Aubertin, du Petit-Morin, du Surmelin et de la Dhuys au nord-est. Il se présente généralement sous forme de bancs épais, plus ou moins compacts, de calcaire lacustre beige ou blanchâtre, plus ou moins silicifié. L’épaisseur du calcaire diminue au nord-est de la masse d’eau.
Fiche BRGM éditée en 2015 – cycle DCE 2016 – 2021 MASSE D’EAU SOUTERRAINE HG103 « TERTIAIRE - CHAMPIGNY - EN BRIE »
Ce sont ces infiltrations qui forment au contact de marnes imperméables, la résurgence de Pargny le Dhuys, plus bas, à 3 km du village d’Artonges
A la fin de 19 ème siècle, les études de Pasteur et de Koch, démontrèrent que la propagation des maladies infectieuses étaient dues à la qualité de l’eau et non à celle de l’air comme c’était la croyance à l’époque.
Le réservoir de Menilmontant (1865) 95000 m3
Vue de la rue Darcy rigoureusement protégé par une double clôture
La ville de Paris acquit alors les terrains traversés par la haute vallée de la Dhuys et entreprit de maçonner son lit pour éviter des infiltrations indésirables.C’est ce que l’on peut découvrir à Artonges au niveau des ponts de la RD 20 près du passage à niveau (PN22), sur le route du bois Milon avant le hameau du Pâtis et dans le village, rue principale dans le virage précédent la salle des fêtes.
Des travaux importants furent entrepris pour amener de l’eau pure et satisfaire les besoins de la ville de Paris. C’est ainsi que sous l’égide du baron Haussmann alors préfet de Paris et de son ingénieur en chef Belgrand, il fut décidé la réalisation d’aqueducs :
L’aqueduc de la Vanne près de Troyes, qui converge avec celui du Loin pour alimenter le réservoir de Montsouris (Paris XIV ème arrondissement). L’Avre, rivière de Normandie fut dirigée vers l’ouest parisien et le réservoir de St Cloud. Pour l’est le canal de l’Ourcq fut construit pour alimenter le bassin de la Vilette et enfin l’aqueduc de la DHUYS conduisit l’eau captée à Pargny la Dhuys jusqu’au réservoir de Ménilmontant Paris (20 ème arrondissement) sur environ 130 kilomètres par gravité naturelle, passant de la cote 130m à celle de 110 m.
Après plus d’un siècle d’existence, des fissures apparurent dans la maçonnerie et la ville de Paris entreprit de canaliser la Dhuys pour préserver la nappe souterraine des infiltrations. Pour cela on a placé une buse de ciment alimentée de place en place par une grille. Seules les crues importantes se déversent dans l’ancien lit conservé.
En revanche la qualité des eaux reste médiocre avec deux préoccupations le taux de nitrates et la présence de pesticides. Voir l’étude de Clémence Pique d’octobre 2007.
Extrait de Actu.fr
La Fontaine :
Notre village a aussi une particularité qui devient rare de nos jours, celle de posséder une fontaine publique en face de l’église au centre du village. Elle a, pendant des générations abreuvé de son eau fraîche les chevaux et autre bétail, voire les cyclistes assoiffés par la montée de Pargny à Artonges. Aujourd’hui elle sert à arroser les jardins par temps de sécheresse.
C’est la raison pour laquelle la ville de Paris traitait l’eau de la Dhuys en la mélangeant avec celle d’un forage dans les alluvions de la Marne à Anet sur Marne afin de faire diminuer les concentrations et respecter les normes sanitaires. Ces dispositions furent modifiées en 2015 pour alimenter la ville nouvelle de Marne la Vallée, (voir ci-contre)
Concernant l’eau d’alimentation d’Artonges le syndicat des eaux du canton de Condé en Brie ( SIAEP ) diversifie l’approvisionnement pour obtenir des résultats du même ordre.
« L’eau est une ressource précieuse, consommons la avec modération »
La source qui l’alimente est captée sur une colline voisine au hameau de Montflobert. Elle descend dans une canalisation enterrée, traverse la Dhuys et remonte jusqu’au village. Elle s’écoule par 2 tuyaux de plomb situés de part et d’autre d’un colonne de pierre au milieu d’un bassin constitué de belles dalles scellées, le tout entouré d’un cercle métallique forgé. Elle fait l’objet de la fierté du village, d’une attention particulière et d’un entretien régulier.
Le Lavoir :
Le trop plein de la fontaine alimente le lavoir situé à quelque dizaines de mètres et très bien restauré dans le cadre de la mise en valeur du patrimoine rural du pays de Jean de Lafontaine. Celui-ci n’est visible qu’à travers une grille de protection et est ouvert en de rares circonstances. Il est orné d’une fresque contemporaine sur le thème de la fable de Jean de La Fontaine "Le renard, les mouches et le hérisson".
Cliché Jean-Pierre Duburcq
Petit rappel de l’histoire de la terre
L’époque primaire est estimée d’une durée d’environ 370 millions d’années qui verra l’apparition de la vie et le développement de plantes rustiques fougères géantes, prêles, en particulier au carbonifère .
l’époque secondaire va durer environ 150 millions d’années et se compose de 3 périodes :
1-Le trias (schistes bitumineux contenant les gaz de schistes)
2-Le jurassique
3-le crétacé qui voit la disparition des dinosaures vers – 66 millions d’années.
L’époque tertiaire s’étend sur de 60 millions d’années comprenant cinq périodes
Le Paléocène
l’éocène qui se caractérise par la diversification des mammifères et le début de la formation des Alpes.
Le bassin parisien est alors recouvert d’une mer qui par certains endroits est constitué de lagunes et de lacs.
Vient ensuite une période d’environ 20 millions d’années appelée l’Oligocène
Le Miocène voit apparaître les mammifères évolués : singes, ruminants et mastodontes (ancêtres des éléphants) pendant 10 million d'années.
Enfin le Pliocène est la dernière période du tertiaire.
le quaternaire ( durée d’environ 3 millions d’années) qui se compose de ;
1-Pleistocène qui voit l’apparition des Hominidés : australopithèque, pithécanthrope, néandertaliens.
2-l’holocène avec l’apparition d’homo sapiens Vers – 300.000 ans (D'après de récentes découvertes sur le site de Jebel Irhoud (Maroc))
Artonges-Village